mercredi 3 décembre 2008

Hart Gore & Mean Man's Dream























C’est lorsque j’ai lu cette news sur le site de Noise mag que je me suis rappelé de l’existence de ce groupe hollandais, GORE -ne cherchez pas, il n’y a ni site officiel ni monospace, jusqu’à ce qu’un fan de base en fasse un lui-même. Un groupe découvert au hasard des pages du fanzine Out Of Nowhere (pour celles et ceux que cela intéresse, un facsimilé du numéro 1 avec un pub pour Ouï FM en quatrième de couverture, si si). Un groupe dont j’ai gardé un très mauvais souvenir mais dont j’ai aussi gardé au moins un disque, le deuxième, Mean Man’s Dream (1987) que j’ai donc réécouté en attendant de pouvoir jeter une oreille sur le double CD rééditant les deux premiers albums. C’est Southern Lord qui a eu l’idée de cette exhumation et comme le label de Greg Anderson et Stephen O’Malley fait bien les choses, chaque disque a également été réédité en version double LP.
Je ne raconte même pas la couche de poussière qu’il y avait sur mon exemplaire de Mean Man’s Dream lorsque j’ai remis la main dessus. A l’intérieur j’ai même retrouvé la photocopie d’une fiche technique du distributeur qui disait entre autres choses second LP from this highly rated instrumental equivalent of Swans meets Sonic Youth, another cracker from Ediesta records. Mon exemplaire est un exemplaire promo et je sens qu’en fait si, je vais tout raconter : je ne suis pas assez vieux -quoique- pour avoir reçu des exemplaires promotionnels de vinyles, celui-ci je l’avais trouvé dans la boutique d’un célèbre mais vieillissant label alternatif parisien rue du Roi de Sicile, le genre d’endroit où en plus des franchouillardises alors en vogue à l’époque on pouvait dénicher des trésors à des prix défiants toute concurrence.
On est donc au début de l’année 89 lorsque parait le numéro 3 de Out Of Nowhere (il y a toujours la même publicité en dernière page) avec au sommaire une interview de Steve Albini défendant son futur ex groupe Rapeman contre les attaques féministes, une autre interview de Roli Mosimann prétendant qu’il avait quitté les Swans parce qu’il savait que le groupe ne pourrait jamais aller plus loin dans la viande torturée que ce qu’il avait fait sur l’album Cop (??!) ou encore un papier sur les Beatnigs. L’article sur Gore parle d’une sorte de slugmetal autonome, replié sur lui-même, sourd au monde. Je crois que si j’ai acheté Mean Man’s Dream c’est finalement à cause du descriptif du label -ce Swans meets Sonic Youth. Un descriptif complètement faux, cela va de soi. L’ironie c’est qu’il y a des paroles à la musique instrumentale de Gore : des textes qu’écrivait le bassiste Marij Hel/Rob Frey et imprimés dans les pochettes intérieures des disques. Avec mon exemplaires promo de Mean Man’s Dream il n’y avait pas de pochette intérieure. J’ai donc réécouté ce disque ainsi que le premier (Hart Gore, retrouvé sur une cassette). Puis j’ai écouté la réédition Southern Lord -une réédition remasterisée, augmentée de bonus live et de démos inédites, avec livret bourré de photos et des textes en veux tu en voilà dont les fameuses paroles de cette musique muette. Je n’ai par contre plus aucune trace des deux disques que Gore a enregistré par la suite -avec un line-up différent- dont un double CD indigeste bourré de samples de voix gâchant tout le mordant du groupe. On referme la page souvenirs du siècle dernier.






















Hart Gore me semble légèrement meilleur que Mean Man’s Dream (qui n’en est que la rédite) mais les deux albums sont assez similaires, enregistrés par la même formation guitare/basse/batterie en prise directe et sans overdubs. Du brut et du brutal. La musique de Gore s’apparente à du heavy metal entièrement instrumental et surtout sans aucun solo. De la rythmique, de la rythmique, des riffs et des riffs. Un mur de lame de rasoir le long duquel on glisse sans fin sans pouvoir hurler. Un réel cauchemar cisaillé par une guitare au son tranchant et tout en crêtes. Southern Lord présente ces rééditions en affirmant que Gore est un groupe méconnu mais influent (pour Pelican par exemple). Soyons clair, ces deux disques regorgent de riffs killer et le couple basse/batterie est d’une sauvagerie jamais démentie (Pelican, prenez en de la graine…) mais tout ceci de dépasse pas un certain intérêt historique dans le sens où Gore est un maillon de l’immense chaîne (toile ?) musicale. Pour être franc certains riffs, aussi excellents soient ils et fussent ils dopés à l’énergie pure, finissent par s’essouffler, par lasser à force de trop de répétitivité. Ecouter Gore pendant un quart d’heure est facilement jouable et intéressant, s’éterniser davantage est une perte de temps et un risque d’ennui évident. L’initiative de Southern Lord si elle est méritante n’a d’intérêt que pour toutes celles et tout ceux qui veulent toujours en savoir plus. Fin de la séquence madeleine tout court, retour vers le futur.