mercredi 24 décembre 2008

Thalia Zedek Band / Liars And Prayers
























En fait le voilà le plus beau disque de l’année. Sans aucune hésitation ni lassitude. Le nouvel album de Thalia Zedek (publié en avril 2008) qui pour l’occasion s’est collé un band dans le dos. Un détail qui a son importance. Liars And Prayers -on clique en haut sur la droite pour écouter l’intégralité de l’album en streaming- à la différence des albums précédents (Been Here And Gone, Trust Not Those In Whom Without Some Touch Of Madness) est un album de groupe et non plus celui d’une chanteuse sachant bien s’entourer. On retrouve peut être la plupart des musiciens qui ont jusqu’ici accompagné Thalia Zedek dans son aventure en solo -le violoniste David Michael Curry, Mel Lederman au piano et Daniel Coughlin à la batterie- mais il faut rajouter le bassiste Winston Braman (il a joué avec les excellents Magic People) à la liste. Sauf erreur, c’est la première fois depuis la fin de Come que la dame rejoue avec un bassiste et donc une vraie section rythmique. Thalia Zedek Band, enfin un vrai groupe de rock servant magnifiquement le spleen rocailleux de la chanteuse, toujours dotée de la plus belle voix de l’indie US et toujours aussi douée pour le songwriting déchirant -mi folk, mi blues mais sans l’ennui pathétique du premier ni la raideur du second.
Avec deux titres comme Next Exit et Lower Allston, Liars And Prayers commence comme un album des Bad Seeds (les Bad Seeds dans leur version actuelle, cette chose entièrement ralliée à la cause perdue et à l’égo de Nick Cave), or on s’aperçoit rapidement que si ce groupe est un écrin presque parfait pour la chanteuse, c’est bien parce que chacun y est à sa place et possède une importance incontestable. C’est un peu une transformation lente, une maturation imperceptible, une mutation en forme de retournement sur soi-même avant d’éclater : la musique de Thalia Zedek n’est pas franchement différente de ce qu’elle était jusqu’ici, elle est seulement passée au stade supérieur, a gagné une envergure que jusqu’ici on ne pouvait que soupçonner. Plus de hargne, plus de rudesse, plus de taillage dans vif du sujet (plus de rock quoi) et surtout plus d’ampleur, plus d’emprise sur l’auditeur, plus de vertige et d’abîmes.
La dame n’a pas non plus oublié qu’elle peut être une excellente guitariste et elle le prouve à plusieurs reprises en alignant des riffs à tomber tous les fans d’un rock pur, introspectif et à fleur de peau. Encore un truc qu’elle avait un peu trop laissé tomber de côté depuis l’avis de décès officiel de Come. Alors oubliez la moustache et les pantalonnades d’un Nick Cave, oubliez l’esprit boy-scout toujours et bêlant à la lune d’A Silver Mount Zion, mettez même de côté Carla Bozulich, seule voix et seule âme à pouvoir réellement rivaliser avec Thalia Zedek, et écoutez cette musique en forme de pureté à la fois absolue et corrompue -les marques de l’existence qui est loin d’avoir épargné Thalia Zedek, c’est sûrement un cliché que de parler de sa voix bousillée et sublimée mais c’est bien ce dont il s’agit. Liars And Prayers n’est pas qu’un album, c’est un véritable compagnon de route.